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bernard lugan - Page 3

  • Après le Mali et le Burkina Faso… aujourd’hui le Niger… et demain le Tchad…

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur le site de L' Afrique réelle et consacré au nouvel échec que connait la France en Afrique, cette fois-ci au Niger.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020) ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    Après le Mali et le Burkina Faso… aujourd’hui le Niger… et demain le Tchad…

    Les évènements du Niger étant la suite logique de la catastrophique politique africaine de la France - de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron sans oublier naturellement François Hollande-, il faudra bien que ceux qui l’ont décidée rendent enfin des comptes. Comment est-il en effet possible qu’un conflit ethnique ayant éclaté en 2011 au nord-est du Mali et qui était à l’origine limité à une seule fraction touareg, ait pu, de fil en aiguille, se transformer en un embrasement régional échappant désormais à tout contrôle et dont la conséquence la plus visible est l’éviction de la France de la région sahélienne ?
     
    En raison de l’avalanche d’erreurs politiques et sociétales, et comme je n’ai cessé de l’annoncer depuis 2011, l’échec de la France au Sahel était hélas une certitude (voir à ce sujet mon livre Histoire du Sahel). Un échec politique un temps masqué par les réussites de nos Armées au prix du sacrifice de plusieurs dizaines des meilleurs enfants de France tombés à la place de déserteurs africains ayant préféré venir bénéficier en France des largesses de l’ « odieuse » ancienne puissance coloniale que de défendre leurs pays respectifs.
     
    Corsetés par leur idéologie, les responsables français ont voulu qu’en Afrique, le droit des Peuples s’efface devant les « droits de l’Homme », les chimères de la « bonne gouvernance » ou le surréaliste « vivre ensemble ». Sans parler des provocations LGBT et de ses variantes vues en Afrique comme autant d’abominations et qui ont achevé de faire perdre à la France l’estime et le respect des Africains.
    Privilégiant les analyses économiques et sociales, aveuglés par l’impératif de l’impossible « développement », les décideurs français ont refusé le réel, oubliant les sages recommandations faites en 1953 par le Gouverneur de l’AOF : « Moins d’élections et plus d’ethnographie, et tout le monde y trouvera son compte ». 
     
    Incultes historiquement, les « petits marquis » sortis de Sciences-Po ou de l’ENA qui prétendent parler de l’Afrique, n’ont pas vu qu’à la fin du XIX° siècle, la colonisation qui libérait les sudistes de la prédation nordiste, rassemblait en même temps dominés et dominants dans de communes limites administratives. Avec les indépendances, ces délimitations internes de l’ancienne AOF devenues frontières d'Etats, les lois de l’ethno-mathématique électorale y donnèrent automatiquement le pouvoir aux sudistes puisque leurs femmes avaient été plus fécondes que celles des nordistes. D’où, au Mali, au Niger et au Tchad, dès les années 1960-1965, les nordistes qui refusaient d’être soumis à leurs anciens tributaires sudistes se soulevèrent. La guerre qui a éclaté en 2011 - donc avant toute présence russe-, et qui se déroule sous nos yeux, en est la résurgence.
     
    Face à ce réel qu’ils ne comprenaient pas, ou qu’ils refusaient de voir, confondant causes et conséquences, les irresponsables qui définissent la politique africaine de la France ont naturellement fait une erreur de diagnostic. Ils ont ainsi parlé de danger islamiste alors que nous étions clairement en présence d’une plaie ethno-raciale millénaire surinfectée par l’islamisme contemporain.
    En conséquence de quoi, la stratégie française reposa sur « l’essentialisation » de la question religieuse, tout bandit armé, tout porteur d’arme et tout trafiquant étant péremptoirement qualifié de « jihadiste ». L’erreur était grande car, dans la plupart des cas, nous étions en présence de trafiquants se revendiquant du jihadisme afin de brouiller les pistes, et parce qu’il est plus valorisant de prétendre combattre pour la plus grande gloire du Prophète que pour des cartouches de cigarettes ou des cargaisons de cocaïne. D’où la jonction entre trafic et religion, le premier se faisant dans la bulle sécurisée par l’islamisme. 
    Face à l’engerbage de revendications ethniques, sociales, mafieuses et politiques, opportunément habillées du voile religieux, avec des degrés différents d’importance de chaque point selon les moments, la politique française fut donc à la fois figée et incohérente.

    Au Niger où plusieurs conflits se déroulent, tant à l’ouest qu’au sud-est, la situation fut encore compliquée par le fait que le président Mohamed Bazoum est Arabe. Il est en effet membre de la tribu libyenne des Ouled Slimane (Awlad Sulayman) qui a des diverticules au Tchad et dans le nord-est du Niger.
    Là encore, un minimum de connaissance historique aurait appris aux « danseurs à claquettes » qui prétendent définir la politique africaine de la France, que cette puissante tribu éclata en deux dans les années 1830 quand le pouvoir ottoman décida de reprendre effectivement le contrôle de la Régence de Tripoli. Or, les Ouled Slimane, tribu makhzen fidèle aux Karamanli renversés par les Turcs, entra en dissidence (voir à ce sujet mon livre Histoire la Libye).
    La Porte ottomane ayant eu la main lourde dans la répression du soulèvement, une partie de la tribu émigra au Tchad et au Niger où elle participa au grand mouvement de prédation nordiste à l’encontre des sédentaires sudistes, ce qui a laissé des traces dans la mémoire collective.
    Au Niger où les Ouled Slimane constituent moins de 0,5% de la population, et où ils sont considérés comme des étrangers, le fait que l’un des leurs parvienne à la Présidence était mal ressenti. Et, circonstance aggravante, les Ouled Slimane sont vus comme des amis de la France depuis qu’en 1940-1941, ils ont opportunément suivi la colonne Leclerc dans son opération de conquête du Fezzan italien, action ayant démarré au Tchad et au Niger. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que certaines fractions des Ouled Slimane retournèrent en Libye où, depuis, elles se heurtent aux Toubou qui occupent leurs anciens territoires abandonnés après l’exode du XIX° siècle. 
     
    Alors qu’il eut fallu confier la politique africaine de la France à des hommes de terrain héritiers de la « méthode Lyautey » et de l’approche ethno-différentialiste des anciennes « Affaires indigènes », elle a, hélas, été gérée par les insignifiants et prétentieux butors qui portent la terrible responsabilité de l’échec français en Afrique. 
    Un échec qui n’est d’ailleurs pas totalement consommé puisqu’il reste encore le Tchad dont le tour viendra tôt ou tard… inexorablement… Et toujours pour les mêmes raisons…
     
    En plus de tout cela, au lieu de s’interroger sur leurs erreurs, ajoutant la naïveté à l’incompétence, les dirigeants français tentent maintenant de s’exonérer de leurs responsabilités en montrant la « main russe »…. Comme si, étant en guerre contre l’OTAN, la Russie allait laisser passer l’occasion qui lui était offerte de s’engouffrer dans l’abîme béant de la nullité française pour ouvrir un front africain sur les arrières de ceux qui la combattent sur le front européen… Le discours du président Poutine lors du dernier sommet russo-africain de Saint-Pétersbourg fut d’ailleurs très clair à ce sujet.
     
    La déficience des dirigeants français s’exprime jusque dans leur absence de réaction face au mensonge du prétendu « pillage » des ressources du Niger. L’on attendrait en effet des « chapons » qui parlent au nom de la France, une claire déclaration indiquant que cette dernière n’a pas d’intérêts dans ce pays désertique -le Mali ne l’est en revanche qu’en partie-, condamné à succomber sous sa suicidaire démographie polygamique. Un Niger dont, n’en déplaise à l’ineffable Sandrine Rousseau qui a osé affirmer que la France en dépendait pour son uranium, alors que le pays ne représente aujourd’hui, et au mieux, à peine 10% des besoins français… et qu’il est, et de beaucoup, plus facile et moins onéreux de se fournir ailleurs de par le monde.
    Sans parler des gisements français dont les écologistes ont fait interdire l’exploitation par la Loi…

    Bernard Lugan (L'Afrique réelle, 2 août 2023)

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  • L’ « assimilation », vieille utopie pour une France devenue « colonie de ses colonies »…

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bernard Lugan cueilli sur le site de L' Afrique réelle et consacré à la vieille lune de l'assimilation.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020) ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    L’ «assimilation», vieille utopie pour une France devenue «colonie de ses colonies»…

    Trois semaines après les dévastations subies par la France, tétanisés devant un réel qu’ils niaient et qui a fini par leur  exploser au visage, les responsables politiques n’ont qu’un remède à proposer : l’« ASSIMILATION ». Vieil avatar de l’utopie universaliste, cette nuée ne permettra évidemment pas de transformer ceux qui « niquent la France » en Français de cœur… Retour sur l’histoire.
     
    En 1937, le Manifeste du PPA (Parti populaire algérien) qualifiait l’assimilation « d’utopie chimérique (car) nous ne serons jamais Français, ni par la race, ni par la langue, ni par la religion ».
     
    En 1945, Edouard Herriot, grande conscience « humaniste » disait que l’ « assimilation » ferait de la France « la colonie de ses colonies ».
     
    Le général de Gaulle dont toute la classe politique française se réclame aujourd’hui, considérait pour sa part  l’« assimilation » comme « un danger pour les Blancs, une arnaque pour les autres » dont la conséquence ferait que « Colombey-les-Deux-Eglises (deviendrait) Colombey-les-Deux-Mosquées ! »
     
    Durant la période coloniale la France tenta une politique d’ « assimilation ». Son postulat était que, grâce à la diffusion de la culture et de la langue française, colonisés et colonisateurs coaguleraient au sein d’une même nation sous les plis du drapeau tricolore…et pour la plus grande gloire de la République française universelle…
     
    L’échec fut à la hauteur de l’illusion. Cependant, aucune leçon n’en fut tirée puisque la classe politique française parle de nouveau d’« assimilation ».
    Or :
     
    - Comment « assimiler » une déferlante migratoire devenue majoritaire sur une partie du territoire français et qui impose peu-à-peu ses normes vestimentaires, alimentaires, culturelles, juridiques et religieuses sur l’ensemble du pays?
     
    - Comment oser parler d’ « assimilation » quand, par leurs déclarations irresponsables au sujet de la colonisation, François Hollande et Emmanuel Macron ont humilié la France, ne donnant ainsi guère envie aux « citoyens du monde » de s’y assimiler ?
     
    - Comment imaginer que la solution est l’ « assimilation » quand la France qui accueille, nourrit, habille, soigne, loge et éduque des millions d’étrangers, est présentée comme une nation « génétiquement esclavagiste et raciste » ?
     
    - Comment les partisans de l’ « assimilation » vont-ils concrètement proposer leur « martingale » à des groupes animés par un sentiment à la fois revanchard et conquérant ? Notamment à Madame Houria Bouteldja qui ne craint pas de dire que :
     
    « Notre simple existence, doublée d’un poids démographique relatif (1 pour 6) africanise, arabise, berbérise, créolise, islamise, noirise, la fille aînée de l’Eglise, jadis blanche et immaculée, aussi sûrement que le sac et le ressac des flots polissent et repolissent les blocs de granit aux prétentions d’éternité (…) ».
     
    - Comment assimiler des francophobes assumés, dont Madame Hafsa Askar, vice-présidente du syndicat étudiant UNEF, qui a osé dire le 15 avril 2019, jour de son incendie :
     
    « Je m’en fiche de Notre-Dame de Paris, car je m’en fiche de l’histoire de France…Wallah  …on s’en balek (traduction : on s’en bat les c…), objectivement, c’est votre délire de petits blancs ».
     
    Une Hafsa Aksar qui a également pu déclarer sans être immédiatement traduite devant les tribunaux :
    - « On devrait gazer tout (sic) les blancs (resic) cette sous race.
    - « Tout ce que j’ai à dire c’est les blancs ( sic) arrêtez de vous reproduire ».
    - « Non à la mixité avec les blancs (sic)»
    - « Je suis une extrémiste anti-blanc »
    - « Le monde serait bien mieux sans les blancs (sic) » etc.,
     
    - Comment les héritiers des « Lumières » qui gouvernent la France en la conduisant avec application sur les pentes de la disparition peuvent-ils parler d’« assimilation » quand ceux qu’ils prétendent « assimiler » rejettent leurs dogmes fondateurs, qu’il s’agisse des « valeurs de la République », des « droits de l’homme », du « vivre ensemble » ou de la « laïcité » ?
     
    La vérité est que ceux qui croyaient aux chimères du sacro-saint laïcisme républicain ne voient pas que leur idéologie est morte. Prisonniers de l’immédiat, sans mémoire, sans culture et sans courage, ils ne voient pas qu’un cycle s’achève et qu’un nouveau émerge dans le chaos.
    Aux porteurs des forces créatrices de saisir cette opportunité historique pour imposer un salutaire changement de paradigme. Autrement, les civilisations étant mortelles, la population indigène, celle qui a créé la France devra s’adapter au changement anthropologique en cours. Donc accepter de ne plus être chez elle sur la terre de ses ancêtres… Comme les Serbes au Kosovo…
     
    Bernard Lugan (L'Afrique réelle, 20 juillet 2023)
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  • Quel avenir pour l'Afrique de l'Ouest ?...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°45, mai - juin 2023), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à l'Afrique de l'Ouest.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    Adieu l'Afrique, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    « L'échec au Sahel était inévitable »
    Entretien avec Gérard Chaliand

    IDÉES

    Les Kurdes et Erdogan. D'amis à ennemis ?, par Tancrède Josseran

    PORTRAIT

    Ron DeSantis, la relève du Parti républicain, par Michel Chevillé

    ENJEUX

    GRANDE STRATÉGIE

    Comment l'armée romaine a conquis l'empire, par Guy-Alexandre Le Roux

    HISTOIRE BATAILLE

    Midway (4-5 juin 1942). Le facteur Chance, par Pierre Royer

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    CHRONIQUE

    RIEN QUE LA TERRE

    CHEMINS DE FRANCE

    CARTE MAÎTRESSE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

    DOSSIER

    Afrique de l'Ouest

    Les lendemains désenchantés de Barkhane. La présence française au Sahel en question, par Catherine Van Offelen

    La diffusion du terrorisme et des violences en Afrique de l'Ouest : de Serval à Barkhane, par Daniel Dory et Hervé Théry

    Crise dans le Sahel : la grande équivoque, par Olivier Hanne

    Criminalité maritime et nomos de la Terre, entretien avec Xavier Raufer

    La militarisation des frontières sahéliennes contre l'insurrection djihadiste: une mauvaise réponse ?, par Catherine Van Offelen

    L'Afrique rejette la démocratie, par Bernard Lugan

    Rébellion touareg et déstabilisation de l’État au Mali, par André Bourgeot

    Les Africains ne veulent plus de la France, par Pierre d'Herbès

    Wagner, société militaire privée innovante - et secrète, par M. Bertrand

     

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  • La bataille de l'histoire...

    Le numéro 64 du mensuel conservateur L'Incorrect est en kiosque. On peut notamment découvrir à l'intérieur un dossier central consacré à la bataille de l'histoire de France, avec un long échange entre Christophe Dickès, Franck Ferrand et Olivier Dard, des entretiens avec le député RN Jean-Philippe Tanguy, l'historien Bernard Lugan, la journaliste Eugénie Bastié et l'écrivain-jardinier Marco Martella, ainsi que les rubriques habituelles "Monde", "Essais", "Culture", et "La fabrique du fabo"...

    Le sommaire complet est disponible ici.

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  • Bernard Lugan et le temps des colonies...

    Dans ce nouveau numéro d’Orages de papier, réalisé par TV Libertés en partenariat avec la Nouvelle Librairie, François Bousquet évoque avec Bernard Lugan son dernier livre intitulé On savait vivre aux colonies (La Nouvelle Librairie, 2023), la suite de ses aventures africaines dont il avait débuté le récit dans Nouvelles incorrectes d’une Afrique disparue (La Nouvelle Librairie, 2021).

    Historien et africaniste, Bernard Lugan a publié de nombreux ouvrages, dont Histoire de l'Afrique (Ellipses, 2009), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018), Esclavage, l'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2020) et dernièrement Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

    Il est également l'auteur de deux romans avec Arnaud de Lagrange, Le safari du Kaiser (La Table ronde, 1987) et Les volontaires du Roi (réédition : Balland, 2020) ainsi que d'un récit satirique, Le Banquet des Soudards (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                               

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  • Non, les Égyptiens n’étaient pas noirs !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Robin Pardaillec paru sur le site de L'Incorrect et consacré à la question de la couleur de peau des Egyptiens de l'Antiquité...

     

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    Non, les Égyptiens n’étaient pas noirs !

    Le Grand Palais à Paris organise régulièrement des cours d’histoire de l’art. Souhaitant combler mes lacunes en la matière, je me rends régulièrement les samedis matin aux abords des Champs-Élysées pour suivre pendant deux heures et demi l’enseignement de maîtres de conférence ou de professionnels travaillant au Louvre. L’occasion aussi de goûter à nouveau au statut d’étudiant.  En octobre dernier, en pleine séance sur l’art des hiéroglyphes, un jeune homme au style savamment négligé prend la parole : «les Égyptiens étaient noirs, pourquoi ne le dites-vous pas?». L’égyptologue, après un regard ahuri derrière ses lunettes rondes, finira, entre deux rires nerveux, par conseiller à cet étudiant de relire l’ensemble des travaux effectués par ses confrères français et américains en la matière et conclura ironiquement «il faut arrêter de lire Cheikh Anta Diop».

    L’épisode pourrait faire sourire mais ce type de théories fumeuses fait désormais florès sur le web. Des centaines de sites internet en anglais et en français, relayés plusieurs dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, propagent un discours savamment rodé : l’Homme blanc aurait manipulé l’historiographie, en masquant l’apport inestimable des Africains dans les sciences et les arts, notamment durant l’Égypte antique. Des histoires plus fantasmagoriques les unes que les autres sont diffusées auprès d’un auditoire souvent jeune : les Africains auraient «découvert l’Amérique» avant Christophe Colomb, donnant naissance aux civilisations précolombiennes (ne riez pas), les Africains auraient inventé les grands théorèmes mathématiques, la médecine moderne, l’architecture (volés par les grecs évidemment)…

    Universitaires et historiens, prisonniers de leur propre «champ» professionnel (pour reprendre Bourdieu), ignorent souvent l’existence de ces théories farfelues. Un ami, professeur d’Histoire, me racontait pourtant cet été que même parmi ses élèves les plus médiocres cette «version de l’Histoire» triomphe. Une conception erronée, simpliste et absolument complotiste qui s’insère parfaitement dans des esprits biberonnés au web, aux «illuminatis», au «complot sioniste» et à Dieudonné.

    D’où viennent ces théories ?

    Cheikh Anta Diop, inspirateur de cet «Afrocentrisme» publie à partir de 1952 une série d’articles et d’ouvrages s’évertuant à démontrer que les Égyptiens antiques étaient ethniquement «noirs» et à l’origine de toutes les civilisations. Même s’il n’est ni historien, et encore moins égyptologue, ses thèses ont eu un petit succès dans certains milieux politiques africains. Battues en brèche par des chercheurs reconnus (comme Alain Froment ou François-Xavier Fauvelle-Aymar), ces théories reviennent aujourd’hui en force même si l’ensemble des savoirs, des recherches et des analyses ridiculisent ces théories sur différents points :

    – L’étude des groupes linguistiques : alors que les Nubiens (les populations noires présentes durant l’antiquité dans la région de l’actuel Soudan, et dont Cheikh Anta Diop estimait qu’ils étaient les «véritables» Égyptiens) appartiennent au groupe linguistique nilo-saharien, la langue égyptienne d’alors se rattachait au groupe dit «afrasien». Deux groupes distincts, donc deux peuples différents.

    – l’étude des momies et des squelettes prouve à chaque nouvelle fouille archéologique que les Égyptiens n’étaient pas «mélanodermes». En effet, l’étude des cheveux, de la peau, mais aussi des os et de la forme du crâne permet de classifier les corps selon des appartenances ethniques. Il apparaît clairement que les Égyptiens antiques, le peuple comme les dirigeants, n’étaient pas de type «africain».

    – Enfin, l’étude de la génétique : en comparant la présence de telles ou telles caractéristiques chromosomiques, elle permet d’affirmer avec certitude que les populations qui peuplaient l’Égypte antique n’avaient pas grand-chose à voir avec les populations noires africaines. Une donnée encore confirmée cet été par une nouvelle étude de l’ADN de momies, qui prouve que les Égyptiens d’alors étaient plus proches physiquement des autres populations du Proche-Orient, voire des Européens, que des autres peuples africains.

    Conclusion, les Égyptiens n’étaient pas «noirs». À l’exception d’une seule dynastie mal connue (la 25e dynastie, au huitième siècle avant Jésus-Christ), les pharaons étaient donc ethniquement proches des populations phéniciennes, comme l’ensemble de la région avant les grandes migrations arabes. Ramsès II était roux, Toutankhamon avait un patrimoine génétique similaire à celui à 70 % à celui d’un Européen, et Cléopâtre, fille d’une lignée de Macédoniens endogames, ressemblait probablement plus à Maria Callas qu’à Michelle Obama.

    Comme l’écrit Bernard Lugan, dans « mythes et manipulations de l’Histoire africaine », «placées au confluent de la magie et de la méthode Coué, les thèses de C.A Diop sont donc celles d’un conteur narrant une histoire destinée à faire rêver ses auditeurs et non le produit d’une véritable recherche scientifique». Un exemple : Diop voyait dans les cheveux crépus des jolies Égyptiennes la preuve de leur «africanité». Manque de chance, il ne s’agissait tout simplement que de perruques, courantes dans l’aristocratie d’Alexandrie ou de Thèbes. Ce type d’erreurs (ou de manipulations) se retrouve des centaines de fois dans toute l’œuvre de l’auteur africain.

    Un manque de rigueur et de sérieux qui n’a pas empêché Cheikh Anta Diop d’affirmer que ces «Égyptiens» imaginaires étaient à l’origine des mathématiques, des arts, de l’agriculture, de l’architecture… bref, de la civilisation. Une conception fantasque de l’Histoire des sciences qui vise simplement à éclipser l’héritage occidental, et plus particulièrement, grec. À la fin des années 80, un historien américain Martin Bernal reprendra cette thèse en l’amplifiant : la Grèce antique aurait tout simplement été colonisée par les Égyptiens. Tout l’apport scientifique et philosophique des Grecs, sur lesquels la civilisation occidentale repose, n’aurait été qu’un ersatz de la culture égyptienne noire. Voyant rapidement ses travaux démontés point par point par ses confrères, Bernal avait alors brandi… le complot raciste du monde universitaire. Une bonne blague qui n’a heureusement pas duré, mais qui perdure encore aujourd’hui sur le web.

    Que les jeunes populations immigrées d’origine africaines présentes en France s’inventent un passé imaginaire est un problème finalement assez secondaire et il faudrait plutôt en rire. Là où le bât blesse, c’est que ces théories ont désormais aussi un écho chez les «petits blancs». Un discours qui s’inscrit dans la repentance et la haine de soi pour ces jeunes Européens, culpabilisés et dépossédés des grandes inventions et des grandes découvertes de leur passé, au profit d’une Histoire afrocentrée mythifiée.

    Robin Pardaillec (Site de L'Incorrect, 28 février 2018)

     

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